Remember Pierre Bonnard @ the MET: closing son


Article paru dans French Morning News 29 janvier 2009 Auteur(e) : Pauline Lebrec

Exposition
Un souffle de Côte d’Azur au Metropolitan Museum



envoyer par mail Longtemps délaissé au profit de plus fameux et plus provocant que lui, le peintre Pierre Bonnard (1867-1947) est aujourd’hui célébré par le Met. Une lumière nouvelle sur un des plus brillants artistes français de la première moitié du 20ème siècle.
La nostalgie d’une douceur de vivre simple et chaleureuse envahit le visiteur le long des couloirs de l’exposition Pierre Bonnard : The Late Interiors, au Met Museum jusqu’au 19 avril. Voilà ce qu’on imagine être un dimanche matin ensoleillé, dans une maison sur les hauteurs de Cannes, le petit-déjeuner est servi dans la salle à manger au premier étage, les rayons du soleil traversent les persiennes, on aperçoit de dos une femme négligemment assise. Même endroit, même villa, c’est désormais l’heure du soleil couchant, le pièce se remplie d’ombres chatoyantes, les pommes sur la table ont la couleur du feu, tandis qu’au-delà de la terrasse se découpent les formes immobiles des cyprès. Pour un peu, on pourrait entendre les cigales chanter à New York.

Pierre Bonnard, The Dessert, 1940 Oil on canvas. Beyeler Collection, Basel © 2008 Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, ParisAu total, ce sont 80 natures mortes et scènes d’intérieures de Pierre Bonnard qui sont exposées au Met, pour la première rétrospective consacrée à la fin de sa carrière (1923 - 1947). Toutes ont pour décor et sujet sa maison du Cannet, sur la côte d’Azur, achetée par le peintre et sa femme Marthe en 1926. Jusqu’à la guerre, il y partage son temps avec son studio parisien, avant de s’y retirer définitivement jusqu’à sa mort, en 1947. Natures mortes, deux mots qui effraient les amateurs d’art moderne. Ennuyeuses, datées, académiques...en somme, tout ce que n’est pas l’exposition sur Pierre Bonnard.

A une époque, les années 20 et 30, où la peinture est en pleine révolution moderniste, ou Picasso et ses amis surréalistes remettent en causes toutes les normes artistiques, Bonnard est avec un brin de condescendance qualifié de post-impressionniste par ses pairs. La filiation avec les peintres de la fin du 19ème siècle est d’ailleurs indiscutable. Des couleurs diffuses, une lumière magnifiée, la simplicité des moments du quotidien, on peut sentir dans certaines toiles la présence de Van Gogh, Cézanne bien sûr, Gauguin et aussi Matisse, un ami intime du peintre. Pourtant, la peinture de Pierre Bonnard est d’une richesse qui va au-delà de l’impressionnisme et de la composition de scène d’intérieur.

Corner of the Dining Room at Le Cannet, 1932 Oil on canvas. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne/ Centre de création industrielle. State Purchase, 1933. © CNAC/MNAM/Dist. Réunion des Musées Nationaux/Art Resource, NY © 2008 Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris.C’est à cette modernité longtemps sous-estimée que rend aujourd’hui hommage le musée new-yorkais, mais aussi la France avec l’annonce mardi 27 janvier de la création de la première fondation Pierre Bonnard au Cannet. Par un travail impressionnant sur les couleurs et la lumière, le peintre français transcende le plus banal du quotidien. Pour mieux comprendre cette alchimie créative, l’exposition dévoile aussi une collection de croquis et d’aquarelles sortie des archives du peintre. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, celui-ci ne peignait pas en face de son sujet, mais dans son atelier, à partir de dessins annotés très précisément. Pour le visiteur, des tableaux d’une douceur matinale aux toiles avec des accents fauves, c’est surtout une plongée dans une intimité tranquille et fugitive.

Pierre Bonnard : The Late Interiors
Du 27 janvier au 19 avril 2009.

Au Met Museum. (Robert Lehman Wing)

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