Information a propos de LARGENTIERE
http://www.patrimoine-ardeche.com/visites/largentiere.htm
LE CHÀTEAU
Accueil des membres de la Sauvegarde dans la cour supérieure du château par les représentants de l'Association pour la sauvegarde du patrimoine de Largentière, dont Josette Mirabel vice-présidente et organisatrice de l'exposition « 1 000 ans d'histoire », J.-F. Cuttier qui nous souhaite la bienvenue au nom de la municipalité et Valérie Jugnon qui nous présente le château et retrace son histoire, étroitement imbriquée à celle de la ville.
La cité, qui a conservé une grande partie de son architecture médiévale, est enserrée en rive droite de la Ligne, dans une boucle de la rivière et installée en fond de vallée sur l'emplacement des principales mines anciennes de plomb argentifère. D'abord nommée Ségalières, la ville est née des premières exploitations minières, à une époque mal déterminée mais qui ne remonte peut-être pas au-delà du XIe siècle. Le château est implanté à mi-pente, sur la même rive que le bourg qu'il domine, et à proximité immédiate d'une importante mine médiévale, connue sous le nom de « Baume de Viviers ». Construit à la pointe d'un éperon surplombant la rivière, le château pouvait ainsi contrôler le chemin de Tauriers et plus largement les accès nord vers Jaujac et la Souche ou Valgorge.
À l'origine, la tour carrée dite « Argentaria » élevée au XIIe siècle par les évêques de Viviers pour à la fois protéger l'exploitation, mettre en sécurité l'argent tiré des mines et aussi affirmer leur propre revendication sur ce revenu attractif face aux prétentions concurrentes d'autres seigneurs, en particulier les puissants comtes de Toulouse dont la forteresse rivale de Fanjau surplombait la ville en rive gauche. Cette tour « argentière » donnera son nom à la ville devenue l'Argentière.
On peut distinguer plusieurs étapes dans la construction du château :
- la tour « argentière » dont l'existence est attestée en 1210 par un accord entre l'évêque et le comte de Toulouse, devenue par la suite le donjon du château. Cette tour romane se caractérise par ses murs de trois mètres d'épaisseur appareillés en moellons à bossage, par l'absence de toute ornementation extérieure hors une arcade en plein cintre. L'accès se faisait uniquement au premier étage dont le sol reposait sur une voûte, les étages supérieurs à l'origine sur plancher étant reliés entre eux par un escalier à vis dans l'épaisseur du mur. À son sommet, à plus de 30 mètres, une toiture surbaissée à quatre pans surmontait de larges baies.
- une seconde tour est construite à côté(sud) de la tour argentière au début du XIIIe siècle par le comte de Toulouse, dont ne subsiste aujourd'hui que le soubassement, en forme de terrasse semi-circulaire en avant de la cour supérieure. Cette tour était liée à une première enceinte enserrant le donjon épiscopal. À la même période deux autres co-seigneurs, Adhémar de Poitiers et Bermond d'Anduze, élèvent deux tours rondes à l'est. Ces deux tours se trouvent alors en avant de l'enceinte castrale dont elles protègent l'accès. Après la fin de la croisade des Albigeois qui soumet le comté de Toulouse au pouvoir du roi de France, l'évêque de Viviers demeure seul possesseur des mines et de l'ensemble castral.
- les évêques Jean de Montchenu et Claude de Tournon renforcent l'enceinte et agrandissent le château à la fin du XVe siècle, comme en atteste l'inscription datée 1481 qui attribue cette réalisation à « Me Renaud et ses compagnons ». Ils intègrent à l'enceinte fortifiée les deux tours jumelles qui surplombent désormais la porte principale, construisent le corps de bâtiment dit « tour pentagonale » qui relie ces tours au donjon. Si la structure est complexe l'ensemble se présente désormais comme un château unique. L'autonomie est accrue par un puits creusé jusqu'au niveau de la rivière.
Exposition « 1 000 ans d'histoire » (Cliché J.-F. Cuttier)
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- après une longue période d'abandon qu'avaient précédé les guerres de Religion, le marquis de Brison rachète en 1716 le château aux évêques de Viviers. Ceux-ci vont employer les 144 000 livres provenant de la vente à l'édification de leur nouveau palais épiscopal (l'actuel hôtel de ville de Viviers). Brison remet en état et transforme l'ancienne construction médiévale en une moderne demeure seigneuriale dotée de tous les aménagements l'autorisant à recevoir selon son rang et permettant à sa famille de vivre confortablement : l'enceinte basse est transformée en un perron doté d'un double escalier monumental, deux étages sont élevés au-dessus de l'ensemble reliant les tours jumelles au corps principal et entre elles, la façade principale est transformée et cadencée de larges baies qui éclairent de vastes pièces de réception. Des terrasses sont construites, des jardins agencés, une allée de marronniers permet aux voitures d'accéder de la ville à la cour supérieure, on perce dans son prolongement la route de Tauriers.
- la Révolution et l'Empire vont transformer le château en tribunal et prison, ce qu'il restera jusqu'en 1847, ses propriétaires revenus après la Restauration le louant à cet usage. Si cette période comporte peu de modifications architecturales, elle voit la dégradation progressive de l'ancienne demeure.
- la ville de Largentière rachète en 1847 le château pour en faire un hôpital. Le bâtiment est agrandi en 1858 par l'élévation de deux étages supplémentaires, d'abord couverts d'une terrasse, puis finalement d'une toiture qui englobe et recouvre le donjon. Celui-ci disparaît alors à toute vue extérieure. Plus récemment des bâtiments annexes sont accolés au château le long de la route de Tauriers et des balcons en ciment ajoutés à la façade sud-ouest la défigurent.
- après avoir pendant 140 ans hébergé son hôpital, le château a été depuis quelques années restitué à la commune, mais les transformations subies, le manque d'entretien qui a précédé la fermeture de l'hôpital et une temporaire utilisation par le lycée hôtelier avant transfert dans ses nouveaux locaux, en ont largement dénaturé l'intérieur et l'une des façades et rendent actuellement la visite problématique. La commune s'est engagée dans une restauration progressive des parties les plus accessibles, mais il faudra quelques années pour y parvenir, avec en préalable la réfection de la toiture principale très dégradée. Quelques salles sont toutefois ouvertes, l'été surtout, dans le cadre d'animations médiévales.
La visite s'est, dans ces conditions, limitée aux deux anciennes salles de réception en façade principale, dont celle du premier étage abritant l'exposition « 1000 ans d'histoire » qui résume de manière très documentée l'histoire de Largentière et donne accès à l'intérieur du donjon. Et s'est conclue, pour ceux qui souhaitaient profiter du soleil, par un déjeuner rustique pris sur la terrasse de la cour basse.
Jean-François Cuttier
Compte rendu de la visite de la Sauvegarde du 13 juin 2009 à l'occasionde la Journée du Patrimoine de Pays
L'ÉGLISE
Alors que les orages se déchainent à nouveau, c'est la trés vaste église de Largentière qui accueille les participants. M. Robert Saint-Jean au cours d'un exposé passionnant va présenter cet édifice.
Il est fait mention d'une église ou chapelle à Largentière à la fin du XIle siècle. Église certainement trés modeste au départ, mais qui va être reprise et construite sur des dimensions imposantes : église à trois nefs commencée certainement à la fin du XIIe.
Deux documents mentionnent l'église Beata Maria de Pomeriis.
Deux documents mentionnent l'église Beata Maria de Pomeriis.
Façade occidentale de l'église de Largentière
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La légende veut que l'église était primitivement prévue sur la colline de Fanjau à l'emplacement présumé d'un temple paîen : chaque jour les outils se trouvaient miraculeusement transportés à l'emplacement actuel de l'église sous un pommier. Mais il semble plus probable que Pommier vient de pomoerium :espace consacré autour des remparts sur lequel il était interdit de bâtir. Or l'église est adossée aux remparts et a fait partie de l'enceinte fortifiée.
Le début du XIIIe siècle (vers 1210-1214) est une période décisive pour le devenir de la province du Languedoc ; se succèdent en effet la croisade contre les Albigeois, la dépossession des comtes de Toulouse et la prééminence des évêques de Viviers.
Nous trouvons dans cette église beaucoup de détails et de réminiscences romanes : si vous observez les piliers à droite et à gauche du chœur, les chapiteaux sont des chapiteaux romans : feuilles d'acanthe plus ou moins transformées, piliers posés sur des soubassements carrés.
Le début du XIIIe siècle (vers 1210-1214) est une période décisive pour le devenir de la province du Languedoc ; se succèdent en effet la croisade contre les Albigeois, la dépossession des comtes de Toulouse et la prééminence des évêques de Viviers.
Nous trouvons dans cette église beaucoup de détails et de réminiscences romanes : si vous observez les piliers à droite et à gauche du chœur, les chapiteaux sont des chapiteaux romans : feuilles d'acanthe plus ou moins transformées, piliers posés sur des soubassements carrés.
Angle nord-est de l'église
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Mais nous sommes à une période où le comte de Toulouse va être dépossédé de tous ses fiefs (traité de Paris 1229), remplacé par la main-mise du pouvoir capétien sur les mines de Largentière et un peu plus tard sur tout le Vivarais.
L'art gothique arrive avec les Capétiens, car l'art gothique est un art d'importation et on va modifier la construction de l'église, non pas dans son plan, mais dans son architecture : croisées d'ogives au lieu de voûtes romanes, chapiteaux caratéristiques de la première période gothique.
Mais cependant on a conservé dans cette église la tradition romane : pas de fenêtres, pas de vitraux. On a terminé cette église avec des voûtes à croisées d'ogives mais dans la tradition méridionale des églises assez obscures. De plus, il faut noter que ce monument a été construit à une époque particulièrement troublée et les questions de sécurité étaient primordiales.
Cette église, dès le plan primitif, était prévue à trois nefs, or il ne s'agit pas d'une église monastique, mais d'une simple église paroissiale ; il faut voir dans ce projet ambitieux la volonté de faire état de la richesse de celui qui fait construire ce monument : Largentière est riche de ses mines d'argent ; ses possesseurs, comte de Toulouse, évêque de Viviers, consuls, veulent que ce monument symbolise la richesse de la cité.
Mais cependant on a conservé dans cette église la tradition romane : pas de fenêtres, pas de vitraux. On a terminé cette église avec des voûtes à croisées d'ogives mais dans la tradition méridionale des églises assez obscures. De plus, il faut noter que ce monument a été construit à une époque particulièrement troublée et les questions de sécurité étaient primordiales.
Cette église, dès le plan primitif, était prévue à trois nefs, or il ne s'agit pas d'une église monastique, mais d'une simple église paroissiale ; il faut voir dans ce projet ambitieux la volonté de faire état de la richesse de celui qui fait construire ce monument : Largentière est riche de ses mines d'argent ; ses possesseurs, comte de Toulouse, évêque de Viviers, consuls, veulent que ce monument symbolise la richesse de la cité.
Portail méridional | |
Ce monument évoque donc la période transitoire entre deux souverainetés : les Capétiens succédant aux comtes de Toulouse et l'art gothique remplaçant le roman. Les clés de voûte en sont un témoignage : celle du chœur est marquée du blason du comte de Toulouse, donc nous sommes avant 1229, tandis que sur la clé de voûte de la nef latérale nord se trouve le blason de France : écusson de saint Louis semé de trois fleurs de lys, blason ancien, armoiries des premiers Capétiens ; cette travée a donc été édifiée quelques années aprés la précédente.
Il semble donc que la construction de ce monument ait été rapide, commencée sans doute dans les dernières années du XIIe siècle, elle a été terminée vers 1240-1250.
Il semble donc que la construction de ce monument ait été rapide, commencée sans doute dans les dernières années du XIIe siècle, elle a été terminée vers 1240-1250.
Chaire de 1490
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Il y eut certaines adjonctions plus ou moins heureuses au cours des siècles ; les deux chapelles placées au fond des deux nefs latérales auraient été construites en 1307 par l'évêque Louis de Poitiers ; la chapelle de la Sainte Vierge a été fondée en 1519 par Pierre Allamel ; les deux chapelles nord sont du XIXe siècle. La flèche gothique date de 1868 ; elle a remplacé la tour carrée de l'ancien clocher, lequel avait lui-même remplacé le clocher primitif formé d'un mur percé de trois arcades. M. le curé Léorat (curé de Largentière de 1848 à 1877) a aussi fait ouvrir la grande porte ouest et construire la tribune.
Mais ces adjonctions ne modifient guère le plan primitif de l'édifice qui nous est pratiquement « livré » tel qu'au XIIIe siècle les architectes l'avaient conçu. En effet beaucoup d'églises de cette époque ont eu à souffrir des guerres de Religion, mais celle-ci a été épargnée ; en 1562 les protestants ont incendié et détruit le riche couvent des Cordeliers situé à 200 mètres de l'église et cela suffit à marquer leur pouvoir.
Il faut noter encore le sarcophage qui se trouve au fond de l'église : découvert en 1953 dans le cimetière actuel, sur l'emplacement du couvent des Cordeliers, il semble contemporain de la création de ce couvent sans doute au XIIIe siècle.
Pour terminer, j'attire votre attention sur la chaire de cette église provenant du couvent des Cordeliers ; une inscription en langue romane situe parfaitement son ancienneté , en voici la traduction : « l'an 1490 et le V octobre moi Pierre Garnier de Coulens ai donné cette chaire au couvent des Frères Mineurs de Largentière ».
Mais ces adjonctions ne modifient guère le plan primitif de l'édifice qui nous est pratiquement « livré » tel qu'au XIIIe siècle les architectes l'avaient conçu. En effet beaucoup d'églises de cette époque ont eu à souffrir des guerres de Religion, mais celle-ci a été épargnée ; en 1562 les protestants ont incendié et détruit le riche couvent des Cordeliers situé à 200 mètres de l'église et cela suffit à marquer leur pouvoir.
Il faut noter encore le sarcophage qui se trouve au fond de l'église : découvert en 1953 dans le cimetière actuel, sur l'emplacement du couvent des Cordeliers, il semble contemporain de la création de ce couvent sans doute au XIIIe siècle.
Pour terminer, j'attire votre attention sur la chaire de cette église provenant du couvent des Cordeliers ; une inscription en langue romane situe parfaitement son ancienneté , en voici la traduction : « l'an 1490 et le V octobre moi Pierre Garnier de Coulens ai donné cette chaire au couvent des Frères Mineurs de Largentière ».
Cet exposé magistral fut trés applaudi et permet d'avoir une idée précise de l'ancienneté de ce monument.
Plan affiché dans l'église (2010)
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Compte rendu d'une visite de la Société de Sauvegarde (1990)
VISITE DE LA VILLE
Porte des Récollets
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Descendons maintenant les rues de Largentière jusqu'à la porte dite « des Récollets », qui date de 1507. On remarque au passage de nombreuses belles maisons, dont les façades, débarrassées des enduits plus ou moins lépreux, ont partout laissé apparaître de beaux appareils de pierres de grès, des arcades, des fenêtres à meneaux ainsi que d'élégantes portes. Les dates relevées sur ces façades : 1805, 1820, 1830, sont cependant trompeuses et jurent visiblement avec leur architecture ; il s'agit en fait des dates de réaménagement de ces immeubles lors de l'accroissement de familles particulièrement prolifiques : huit à dix enfants étaient le lot de beaucoup d'entre elles et, vers cette époque, on dénombrait,intra muros, plus de cinq cents feux (foyers).
La rue de la Ligne était la principale de Largentière, par où transitait tout le trafic de charrettes avec les encombrements que l'on devine vu sa faible largeur, qui n'était rien au regard de l'étroitesse des ruelles qui s'en détachent de part et d'autre et où l'« on ne pouvait pas tenir un parapluie ouvert » (sic). C'est pourquoi, au xviiie siècle, on créa - non sans grandes difficultés, à cause des chutes de pierres - le Chemin Neuf, qui emprunte la rive gauche de la Ligne et ne fut achevé qu'en 1778. Une halte à l'hôtel-de-ville établi dans une de ces belles demeures anciennes, pour admirer le célèbre bas-relief des Batteurs d'Argent, puis nous gagnons la place couverte et ses arcades. Jadis, les halles, détruites en 1840, en occupaient le centre. Signalons encore l'ancien hôtel de Geoffroy de Valgorge, qui loge actuellement la poste, après avoir abrité, en 1785, la dernière réunion des États du Vivarais. Citons encore les vestiges d’un canal alimentant un ancien moulin, dit « de la Charité » (en raison des aumônes qui y étaient faites aux pauvres et aux étrangers), sur l’emplacement duquel une maison, portant la date de 1821, fut celle d’un ancien conventionnel et la maison de Rochemure, dans laquelle fut reçu le brigadier Julien venu réprimer le soulèvement des camisards.
Rue de la Ligne (actuellement, rue Jean-Louis Soulavie)
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Place couverte (actuellement, place Paul Mercier)
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Extrait du compte rendu de visite de la Sauvegarde du 22 octobre 1978.
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